En France, plus de 100 000 seuils fragmentent les hydrosystèmes et altèrent la morphologie et la continuité écologique de ces milieux. En Isère, sur la commune de Chapareillan, le seuil du pont de la Plaine sur le Cernon, cours d’eau classé liste 2, ne faisait pas exception. En effet, comme son nom l’indique, cet ouvrage fut créé pour maintenir le profil en long et ainsi préserver l’intégrité du pont situé quelques mètres en amont.
Ce seuil état inscrit dans le Référentiel des Obstacles à l’Ecoulement (ROE) sous le code 39174.
Depuis 2021, Teréo œuvre en faveur du rétablissement de la continuité écologique sur le Cernon pour le compte de la commune de Chapareillan.
Photo 1 (Seuil en blocs libres du pont de la plaine et ses blocs déstructurés, vue vers l’amont)
L’état physique du seuil est analysé, il est en mauvais état, déstructuré, affouillé et a déjà fait l’objet de confortement. La pente au droit de ce dernier est élevée, son influence remonte sur une vingtaine de mètres et, sans surprise, la continuité écologique est rompue.
Photo 2 (Affouillement sous le seuil lors d’un assec estival, juillet 2022)
Le diagnostic permet de comprendre le fonctionnement de ce cours d’eau. Dans le cadre de cette étude il a permis de mettre en exergue des dysfonctionnements morphologiques (incision du cours d’eau, berges abruptes et fragilisées, transit sédimentaire important et continu). La topographie du terrain est levée, les espèces cibles sont identifiées (truite Fario et chabot) et HYDRETUDES, bureau d’étude spécialisé en hydraulique avec qui nous avons l’habitude de travailler, modélise l’état initial des écoulements.
Photos 3 (Remous hydraulique à l’amont du pont, vue vers l’aval), 4 (Berge rive droite fragilisée et présentant des marques d’incision à l’aval du pont) et 5 (Autre berge témoignant de l’incision de Cernon)
L’ensemble des éléments récoltés lors du diagnostic permet alors d’étudier plusieurs scénarios d’aménagement afin de restaurer la continuité écologique au droit de ce seuil. A ce stade, il faut prendre en compte qu’il sera impossible de terrasser sous le pont, que les fondations sont apparentes et qu’aucun plan de cet ouvrage qui traverse le temps n’est connu. Dans ce contexte, en raison de son adéquation technique et financière, le scénario optimal est l’arasement partiel du seuil, associé à l’aménagement d’une rampe rugueuse en blocs libres. Les acteurs locaux concernés (commune de Chapareillan, OFB, AERMC, DDT et SYMBHI,) retiennent le scénario et valident conjointement le projet. À la suite de cette décision, Teréo poursuit sa mission de maîtrise d’œuvre intégrant l’élaboration du projet, l’accompagnement du maître d’ouvrage à la sélection de l’entreprise de travaux et le suivi des travaux.
En 2023, le groupement MAURO-MAURIENNE et GEECO -Génie écologique est retenu pour réaliser les travaux de restauration de la continuité écologique du seuil du pont de la Plaine sur le Cernon. Au programme, pêche électrique de sauvetage, dérivation des eaux, arasement partiel du seuil, pavage sur la partie amont sous le pont, mise en œuvre d’une rampe piscicole en blocs libres, protection des berges puis végétalisation. Afin de minimiser l’empreinte carbone de ce chantier, les blocs utilisés sont des blocs réutilisés provenant d’anciens chantiers.
Photos 6 (Dérivation des eaux et filtre à paille), 7 (Démolition du seuil), 8 (Mise en œuvre du pavage sous le pont et à l’amont) et 9 (Mise en œuvre de la rampe piscicole et des protections de berges)
Les travaux durent un peu plus d’un mois et permettent, dès le retour de l’eau, de ré-ouvrir plus de 500 mètres linéaires de cours d’eau. L’ouvrage nouvellement adapté permet ainsi la libre circulation des espèces aquatiques et le transit des sédiments.
Photos 10 (Fin de chantier) et 11 (Fin de chantier et retour de l’eau)
Margaux FOSSIOZ