La famille des picidés regroupe en France 9 membres, allant du petit pic épeichette au grand pic noir, en passant par le cousin torcol fourmilier, considéré comme l’original de la famille !
Présents dans l’imaginaire des enfants et des grands, grâce à Woody Woodpecker, les pics suscitent le respect et l’admiration, de par leur profession : artisan menuisier des forêts.
Le savoir-faire de ces artisans se transmet de génération en génération, perpétuant la tradition des petits trous chers à Monsieur Gainsbourg. Façonner une cavité dans un trou d’arbre à l’aide de son bec n’est pas si aisé ! Quelques prédispositions naturelles permettent à ces travailleurs du bois de ne pas subir quelques traumatismes en se frappant la tête contre un tronc !
Petit point scientifique sur ces adaptations :
- Le crâne est prévu pour amortir les chocs : crâne épais et dense, notamment derrière la tête et à la base du bec, alors que le cerveau n’a pas de liberté de mouvement car très peu d’espace existe entre la boite crânienne et la matière grise
- La musculature est bien coordonnée et amortit et distribue vraisemblablement les chocs autour du crâne,
- Le muscle de la langue, qui entoure tout le crâne par l’arrière (partant du dessous du bec et rejoignant la narine droite), peut jouer lui aussi un rôle dans l’absorption et la distribution des chocs et vibrations.
Pic épeiche juvénile | Pic épeichette |
La maîtrise de l’artisanat n’est pas qu’une question de biologie, la méthode de travail est également importante. En début de travail sur un arbre, le pic teste la résistance en frappant quelques coups de faible amplitude, puis lorsqu’il a bien évalué son support de travail, il se lance à l’assaut mais sa tête suit une trajectoire rectiligne évitant des mouvements dangereux de rotation, pouvant lui causer des lésions avec la force de l’impact. La maîtrise de la grimpe aux arbres est une qualité indispensable pour eux et même le pic tridactyle, qui n’a que trois doigts (au lieu de 4 chez les autres pics) est un as de la grimpette. Ils accomplissent leurs ascensions en enfonçant leurs ongles recourbés dans l’écorce des arbres puis prenant appui sur leur queue, effectuent de petits sauts.
Autant dire que les pics sont des travailleurs de qualité et pugnaces ! Quant à la pause déjeuner, elle est faite sur le lieu de travail, en cherchant les insectes et autres invertébrés (araignées notamment) dans le bois ou sous l’écorce. Et si jamais le pic souhaite faire passer une communication urgente, le tambourinage de son bec sur le tronc ou sur une branche fait écho dans la forêt (jusqu’à 1km pour le pic noir) et est immédiatement compris par les autres travailleurs (délimitation de territoire, parade…). Le tambourinage n’a donc pas la même vocation que le martèlement.
Certains pics, n’ayant pas encore assez de ce travail harassant, décide de prendre un deuxième emploi : récoltant. Ainsi, sur de jeunes arbres au printemps, le pic épeiche perce une série horizontale de trous de faible profondeur (comme un anneau autour du tronc), et vient récolter pendant plusieurs jours les gouttes de sève s’y formant.
Hormis le pic qui vit en ermite dans les Pyrénées-Atlantiques, le pic à dos blanc, les autres sont présents dans la région Auvergne-Rhône-Alpes : l’élégant pic épeiche, le grand pic noir, le discret pic épeichette, le bruyant pic vert, le rare pic tridactyle, l’oriental pic cendré, le punk pic mar (mâle à calotte rouge hérissé) et le torcol fourmilier. Ce dernier a choisi une voie différente : pas d’artisanat pour lui, il est plutôt artistique et s’est lancé dans le contorsionnisme. Il a la capacité à se tordre le cou lors des parades ou quand il se sent menacer et cela n’est pas en accord avec la charte de qualité du forage de cavités…il ne creuse donc pas !
Pic mar (J.-C. Delattre) | Torcol fourmilier |